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— J’ai passé quelques jours délicieux dans cette famille où vit le Dr Johannès, à Lyon. Après les secousses que je reçus, ce fut pour moi un inégalable bienfait que de parfaire ma convalescence dans ce milieu de dilection, très doux. Et puis, Johannès est un des hommes les plus savants en théologie et en sciences occultes que je connaisse. Personne, sinon son antipode, l’abominable Docre, n’a ainsi pénétré les arcanes du Satanisme ; l’on peut même dire qu’ils sont, tous les deux, en France, à l’heure qu’il est, les seuls qui aient franchi le seuil terrestre et obtenu, au point de vue du surnaturel, chacun dans son camp, des résultats certains. Mais, en sus de l’intérêt de sa conversation si habile et si pleine, qu’elle me surprenait même lorsqu’elle abordait cette Astrologie judiciaire où pourtant j’excelle, Johannès me ravissait par la beauté de ses aperçus sur la transformation future des peuples.

Il est bien vraiment, je vous le jure, le prophète dont la mission de souffrance et de gloire a été entérinée, ici bas, par le Très-Haut.

— Je veux bien, moi, fit, en souriant Durtal, mais cette théorie du Paraclet, c’est, si je ne me trompe, la très ancienne hérésie de Montanus qu’a formellement condamnée l’Église.

— Oui, mais tout cela dépend de la façon dont on conçoit la venue du Paraclet, jeta le sonneur