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entravent ses conjurations et réduisent à néant ses sorts.

— Ah ! s’exclama Durtal. Et serait-il indiscret de vous questionner pour savoir comment cet ancien prêtre prévoit et réfrène ces étonnants attentats ?

— Pas le moins du monde. — C’est par le vol et le cri de certains oiseaux que le Docteur est averti de ces chocs. Les tiercelets, les éperviers mâles sont ses sentinelles. Il sait, selon qu’ils volent vers lui ou s’éloignent, selon qu’ils se dirigent vers l’Orient ou l’Occident, selon qu’ils poussent un seul ou plusieurs cris, l’heure du combat et il se met en garde. Ainsi qu’il me le racontait, un jour, les éperviers sont facilement influencés par les Esprits et il use d’eux, comme le magnétiseur se sert de la somnambule, comme les spirites se servent des ardoises et des tables.

— Ils sont les fils télégraphiques des dépêches magiques, fit des Hermies.

— Oui, au reste, ces procédés ne sont point neufs, car ils se perdent dans la nuit des temps ; l’ornithomancie est séculaire ; on en trouve trace dans les livres saints et le Sohar atteste que l’on peut recevoir de nombreux avertissements, si l’on sait observer les vols et les cris des oiseaux.

— Mais, dit Durtal, pourquoi l’épervier est-il choisi de préférence aux autres volucres ?