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sur les temps, un apôtre que l’Esprit Saint vivifie.

— Et cela est, affirma fermement l’astrologue.

— Tenez, voulez-vous me passer le pain d’épices, demanda Carhaix.

— Voici comment il faut l’apprêter, dit Durtal ; vous en coupez une tranche, en dentelle, puis vous prenez une tranche de pain ordinaire également mince, vous les enduisez de beurre, les couchez l’une sur l’autre et les mangez ; vous me direz si ce sandwich n’a point le goût exquis des noisettes fraîches !

— Enfin, s’enquit des Hermies, à part cela, que devient, depuis si longtemps que je ne l’ai vu, le Dr  Johannès ?

— Il mène une existence tout à la fois douillette et atroce. Il vit chez des amis qui le révèrent et qui l’adorent. Il se repose auprès d’eux des tribulations de toute sorte qu’il a subies. Ce serait parfait s’il n’avait à repousser presque quotidiennement les assauts que tentent contre lui les magiciens tonsurés de Rome.

— Mais pourquoi ?

— Ce serait trop long à vous expliquer. Johannès est missionné par le ciel pour briser les manigances infectieuses du Satanisme et pour prêcher la venue du Christ glorieux et du divin Paraclet. Or la Curie diabolique qui cerne le Vatican a tout intérêt à se débarrasser d’un homme dont les prières