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— Parce que tout individu, frappé par la voie magique, n’a que trois jours pour se garantir. Passé ce délai, le mal devient très souvent incurable. Aussi, lorsque Docre m’annonça qu’il me condamnait, de sa propre autorité, à la peine de mort et lorsque, deux heures après, je me suis senti, en rentrant chez moi, bien malade, je n’ai pas hésité à boucler ma valise et à me rendre à Lyon.

— Et là ? questionna Durtal.

— Là, j’ai vu le Dr  Johannès ; je lui ai raconté la menace de Docre, le mal dont je souffrais. Il m’a dit simplement : ce prêtre sait enrober les plus virulents des poisons dans les plus effroyables des sacrilèges ; la lutte sera têtue, mais je le vaincrai ; et il a aussitôt appelé une dame qui habite chez lui, une voyante.

Il l’a endormie et elle a, sur ses injonctions, expliqué la nature du sortilège que j’ai subi ; elle a reconstitué la scène, m’a littéralement vu empoisonner par le sang des menstrues d’une femme nourrie d’hosties poignardées et de drogues habilement dosées et mêlées à ses boissons et à ses mets ; cette sorte d’envoûtement est si terrible qu’à part le Dr  Johannès, aucun thaumaturge en France n’ose tenter ces cures !

Aussi, le Docteur a-t-il fini par me dire : votre guérison ne peut être obtenue que par une Puis-