Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Agrippa et de Crémone, de Ruggiéri et de Gauric, de Sinibald le spadassin et de Trithème.

Ils étaient arrivés, tout en discourant, dans l’escalier, à la porte du sonneur.

L’astrologue était installé déjà et la table était prête. Tous firent un peu la grimace lorsqu’ils goûtèrent l’active et noire liqueur que leur versa Durtal.

Joyeuse de retrouver ses anciens convives la maman Carhaix apporta la soupe grasse.

Elle emplit les assiettes et comme l’on servait un plat de légumes et que Durtal choisissait un poireau, des Hermies dit, en riant :

— Prends garde, Porta, un thaumaturge de la fin du xvie siècle nous apprend que ce légume, longtemps considéré tel qu’un emblème de la virilité, perturbe la quiétude des plus chastes !

— Ne l’écoutez pas, fit la femme du sonneur. Et vous ? Monsieur Gévingey, une carotte ?

Durtal regardait l’astrologue. Il avait toujours sa tête en pain de sucre, ses cheveux de ce brun tourné, sale, qu’ont les poudres d’hydroquinone et d’ipéca, ses yeux effarés d’oiseau, ses énormes mains cerclées de bagues, ses manières obséquieuses et solennelles, son ton de sacerdoce, mais sa mine était presque fraîche ; sa peau s’était déplissée, ses yeux semblaient plus clairs, mieux vernis, depuis son retour de Lyon.