Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une femme qui lui sert de voyante ; pour tout le monde, c’est un scélérat, mais il est savant et pervers et puis il est si charmant !

— Oh ! fit-il, comme votre voix, comme vos yeux changent ! avouez que vous l’aimez !

— Non — je ne l’aime plus, car pourquoi ne vous le dirai-je pas, nous étions fous l’un de l’autre, à un moment !

— Et maintenant ?

— Maintenant c’est fini, je vous le jure ; nous sommes restés amis et c’est tout.

— Mais alors vous êtes allée souvent chez lui. Était-ce au moins curieux, avait-il un intérieur hétéroclite ?

— Non, c’était confortable et c’était propre. Il possédait un cabinet de chimiste, une bibliothèque immense ; le seul livre curieux qu’il me montra, ce fut un Office sur parchemin de la Messe Noire. Il y avait des enluminures admirables, une reliure fabriquée avec la peau tannée d’un enfant mort sans baptême, estampée sur l’un de ses plats, ainsi que d’un fleuron, d’une grande hostie consacrée dans une Messe Noire.

— Et que contenait ce manuscrit ?

— Je ne l’ai pas lu.

Ils gardèrent le silence, puis elle lui prit les mains. — Vous voici remis, dit-elle ; je savais bien que je vous guérirais de votre mine grise. Avouez,