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carré, flanqué de deux tours, ose rappeler la forme de la façade de Notre-Dame ! Et quel gâchis ! poursuivit-il, en examinant les détails. Du parvis au premier étage, il y a des colonnes doriques, du premier au deuxième, des colonnes ioniques à volutes ; enfin, de la base au sommet de la tour même, des colonnes corinthiennes, à feuilles d’acanthe. Que peut bien signifier ce salmigondis d’ordres païens pour une église ? Et encore cela n’existe que pour la tour habitée par les cloches ; l’autre n’est même pas terminée, mais demeurée à l’état de tube fruste, elle est moins laide !

Et ils se sont mis cinq ou six architectes pour ériger cet indigent amas de pierres ! Pourtant, au fond, les Servandoni et les Oppernord ont été les Ézéchiel de la bâtisse, de vrais prophètes ; leur œuvre est une œuvre de voyants, en avance sur le xviiie siècle, car c’est l’effort divinatoire du moellon voulant symboliser, à une époque où les chemins de fer n’existaient pas, le futur embarcadère des railways, Saint-Sulpice, ce n’est pas, en effet, une église, c’est une gare.

Et l’intérieur du monument n’est ni plus religieux, ni plus artiste que le dehors ; il n’y a vraiment dans tout cela que la cave aérienne du brave Carhaix qui me plaise ! Puis il regarda autour de lui ; cette place est bien laide, reprit-il, mais qu’elle est provinciale et intime ! Sans doute, rien ne