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Maintenant elles déraisonnent, elles brimballent, elles sonnent la gouille ; c’est tout juste si d’ici je reconnais leurs voix !

— Que lisez-vous ? fit Durtal qui voulait détourner la conversation d’un sujet qu’il sentait pénible.

— Mais des volumes écrits sur elles ! Ah tenez, monsieur Durtal, j’ai là des inscriptions qui sont d’une beauté vraiment rare. Écoutez, reprit-il, en ouvrant un livre traversé par des signets, écoutez cette phrase écrite en relief sur la robe de bronze de la grosse cloche de Schaffouse : « J’appelle les vivants, je pleure les morts, je romps la foudre. » Et cette autre donc qui figurait sur une vieille cloche du beffroi de Gand : « Mon nom est Rolande ; quand je tinte, c’est l’incendie ; quand je sonne, c’est la tempête dans les Flandre. »

— Oui, celle-là ne manque pas d’une certaine allure, approuva Durtal.

— Eh bien ! c’est encore fichu ! maintenant les richards font inscrire leurs noms et leurs qualités sur les clochent dont ils dotent les églises ; mais ils ont tant de qualités et de titres qu’il ne reste plus de place pour la devise. L’on manque véritablement d’humilité, dans ce temps-ci !

— Si l’on ne manquait que d’humilité ! soupira Durtal.

— Oh ! reprit Carhaix tout à ses cloches, s’il n’y avait que cela ! mais à ne plus rien faire, les cloches