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soucie un peu de lui, qu’après des années, alors qu’il a disparu de toutes les vitrines, qu’il est à peu près mort ; c’est te dire que je ne suis pas pressé de terminer l’histoire de Gilles qui malheureusement, tout de même, s’achève ; le sort qui lui est réservé me laisse indifférent et je m’en désintéresserai même absolument quand elle paraîtra !

— Dis donc, fais-tu quelque chose, ce soir ?

— Non, pourquoi ?

— Veux-tu que nous dînions ensemble ?

— Ça va !

Et tandis que Durtal enfilait ses bottines, des Hermies reprit :

— Ce qui me frappe encore dans le monde soi-disant littéraire de ce temps c’est la qualité de son hypocrisie et de sa bassesse ; ce que, par exemple, ce mot de dilettante aura servi à couvrir de turpitudes !

— Certes, car il permet les plus fructueux des ménagements ; mais ce qui est plus confondant, c’est que tout critique qui se le décerne maintenant comme un éloge, ne se doute même pas qu’il se soufflette ; car enfin, tout cela se résume en un illogisme. Le dilettante n’a pas de tempérament personnel, puisqu’il n’exècre rien et qu’il aime tout ; or, quiconque n’a pas de tempérament personnel n’a pas de talent.