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fort bien, que le Dr  Johannès, celui dont Gévingey t’a parlé, était souvent obligé, au moment où il tentait de délivrer la malade, de ramener le corps à sa température normale, avec des lotions d’hydriodate de potasse étendu d’eau.

— Ah ! fit Durtal, qui songeait à Mme  Chantelouve.

— Vous ne savez pas ce qu’est devenu le Dr  Johannès ? questionna Carhaix.

— Il vit très retiré à Lyon ; il continue, je crois, ses cures de vénéfices et il prêche la bienheureuse venue du Paraclet.

— Enfin, quel est ce docteur ? demanda Durtal.

— C’est un très intelligent et un très savant prêtre. Il a été Supérieur de communauté et il a dirigé, à Paris même, la seule revue qui ait jamais été mystique. Il fut aussi un théologien consulté, un maître reconnu de la jurisprudence divine ; puis il eut de navrants débats avec la Curie du ape à Rome, et avec le Cardinal Archevêque de Paris. Ses exorcismes, ses luttes, contre les incubes qu’il allait combattre dans les couvents de femmes, le perdirent.

Ah ! je me souviens de la dernière fois que je le vis, comme si c’était d’hier ! Je le rencontrai, rue de Grenelle, sortant de l’Archevêché, le jour où, après une scène qu’il me raconta, il quitta l’Église. Je revois ce prêtre, marchant avec moi, le long