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déficits du naturalisme, ses nouvelles étoupées, ses romans sans portes et sans fenêtres, il pouvait encore discuter d’esthétique avec eux, mais maintenant !

Au fond, prétendait des Hermies, il y a toujours eu entre toi et les autres réalistes une telle différence d’idées qu’un accord péremptoire ne pouvait durer ; tu exècres ton temps et eux l’adorent ; tout est là. Fatalement, tu devais, un jour, fuir ce territoire américain de l’art et chercher, au loin, une région plus aérée et moins plane.

Dans tous tes livres, tu es constamment tombé à bras raccourcis sur cette queue de siècle ; mais dame, on se lasse à la longue de taper sur du mou qui s’affaisse et se relève ; tu devais reprendre haleine et t’asseoir dans une autre époque, en attendant d’y découvrir un sujet à traiter qui te plût. Cela explique bien facilement ton désarroi spirituel pendant des mois et cette santé qui t’est subitement revenue lorsque tu t’es emballé sur Gilles de Rais.

Et c’était vrai, des Hermies avait vu juste. Le jour où Durtal s’était plongé dans l’effrayante et délicieuse fin du Moyen Âge, il s’était senti renaître. Il commença de vivre dans le pacifiant mépris des alentours, s’organisa une existence loin du brouhaha des lettres, se cloîtra mentalement, pour tout dire, dans le château de Tiffauges auprès de Barbe--