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noine qui renouvellerait les scènes sabbatiques du Moyen Âge.

Chantelouve ne broncha point. Tranquillement il déplia ses jambes et levant les yeux au plafond, il dit : — Mon Dieu, il se peut que quelques brebis galeuses réussissent à se glisser dans le troupeau de notre clergé ; mais celles-là sont si rares qu’elles ne valent même pas qu’on s’en occupe. — Et il coupa la conversation, en parlant d’un livre sur la Fronde qu’il venait de lire.

Durtal comprit que Chantelouve se refusait à parler de ses relations avec le chanoine Docre. Il garda le silence, un peu embarrassé.

— Mon ami, fit Mme  Chantelouve, en s’adressant à son mari, vous avez oublié de remonter votre lampe ; elle charbonne ; bien que la porte soit fermée, je sens la fumée, d’ici.

Il sembla que ce fût un congé qu’elle signifiait. Chantelouve se leva et, avec un vague ricanement, il s’excusa d’être obligé de continuer son œuvre. Il serra la main de Durtal, le pria de ne plus se montrer si rare et, ramenant les pans de sa robe de chambre sur son ventre, il quitta la place.

Elle le suivit des yeux, se leva, à son tour, s’en fut jusqu’à la porte, s’assura, d’un coup d’œil, qu’elle était close, puis elle revint sur Durtal, adossé à la cheminée et, sans prononcer un mot,