Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous savez très bien, Messieurs, reprit-il, s’adressant à des Hermies et à Durtal, ce que les volumes enseignent ; mais depuis cent ans, tout a changé et si les faits que je vais vous dévoiler sont parfaitement connus par la curie du pape, ils sont ignorés par bien des membres du clergé et vous ne les trouverez, dans tous les cas, consignés dans aucun livre.

À l’heure actuelle, ce sont moins souvent les démons que des morts évoqués qui remplissent l’imperdable rôle d’incube et de succube. Autrement dit, jadis, dans le cas du succubat, il y avait pour l’être vivant qui le subissait, Possession. Par l’évocation des morts qui joint au côté démoniaque le côté charnel atroce du Vampirisme, il n’y a plus Possession dans le sens strict du mot, mais c’est bien pis. Alors l’Église n’a plus su que faire ; ou il fallait garder le silence ou révéler que l’évocation des morts, déjà défendue par Moïse, était possible et cet aveu était dangereux, car il vulgarisait la connaissance d’actes plus faciles à produire maintenant qu’autrefois, depuis que, sans le savoir, le Spiritisme a tracé la route !

Aussi l’Église s’est tue. — Et Rome n’ignore point cependant l’effroyable développement qu’a pris de nos jours l’incubat dans les cloîtres !

— Cela prouve que la continence est dans la solitude terrible à supporter, fit des Hermies.