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opéré dans l’extranaturel une révolution semblable à celle qu’effectua, dans l’ordre terrestre, 1789 en France ! Il a démocratisé l’évocation, il a ouvert toute une voie ; seulement il a manqué de chefs initiés et il a remué au hasard, sans science, les bons et les mauvais esprits ; il y a de tout désormais en lui, c’est le gâchis du mystère, si l’on peut dire !

— Le plus triste de tout cela, fit des Hermies, en riant, c’est que l’on ne voit rien. Je sais que des expériences ont réussi, mais celles auxquelles j’assiste font long feu et ratent.

— Ce n’est pas surprenant, répondit l’astrologue, en étalant sur son pain de la gelée d’orange confite et sûre, la première loi à observer dans la magie et dans le spiritisme, c’est d’éloigner les incrédules car bien souvent leur fluide contrarie celui de la voyante ou du medium !

— Alors comment s’assurer de la réalité des phénomènes ? se dit Durtal.

Carhaix se leva. — Je suis à vous, je reviens dans dix minutes ; et il endossa sa houppelande et son pas se perdit dans l’escalier de la tour.

— C’est vrai, il est huit heures moins le quart, murmura Durtal en consultant sa montre.

Il y eut un moment de silence dans la pièce. Au refus de tous de reprendre du dessert, Mme Carhaix enleva la nappe, étendit une toile cirée sur la table. L’astrologue faisait tourner autour de