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de Grünewald et encore non, cela restait unique, car c’était tout à la fois hors de portée et à ras de terre.

Mais alors…, se dit Durtal, qui s’éveillait de sa songerie, mais alors, si je suis logique, j’aboutis au catholicisme du Moyen Âge, au naturalisme mystique ; ah non, par exemple, et si pourtant !

Il se retrouvait devant cette impasse dont il s’écartait alors qu’il en percevait l’entrée, car il avait beau s’ausculter, il ne se sentait soulevé par aucune foi. Décidément, il n’y avait de la part de Dieu aucune prémotion et lui-même manquait de cette nécessaire volonté qui permet de se délaisser, de glisser, sans se retenir, dans la ténèbre des immutables dogmes.

Par instants, après certaines lectures, alors que le dégoût de la vie ambiante s’accentuait, il enviait des heures lénitives au fond d’un cloître, des somnolences de prières éparses dans des fumées d’encens, des épuisements d’idées voguant à la dérive dans le chant des psaumes. Mais pour savourer ces allégresses de l’abandon, il fallait une âme simple, allégée de tout déchet, une âme nue et la sienne était obstruée par des boues, macérée dans le jus concentré des vieux guanos. Il pouvait se l’avouer, ce désir momentané de croire pour se réfugier hors des âges sourdait bien souvent d’un fumier de pensées mesquines, d’une lassitude de