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Car, au fond, c’est cela le Satanisme, se disait-il ; la question agitée depuis que le monde existe, des visions extérieures, est subsidiaire, quand on y songe ; le démon n’a pas besoin de s’exhiber sous des traits humains ou bestiaux afin d’attester sa présence ; il suffit, pour qu’il s’affirme, qu’il élise domicile en des âmes qu’il exulcère et incite à d’inexplicables crimes ; puis, il peut les tenir par cet espoir qu’il leur insuffle qu’au lieu d’habiter en elles comme il le fait et comme souvent elles l’ignorent, il obéira aux évocations, paraîtra, traitera notarialement des avantages qu’il concédera en échange de certains forfaits. La volonté seule de faire paction avec lui doit pouvoir quelquefois amener son effusion en nous.

Toutes les théories modernes des Lombroso et des Maudsley ne rendent pas, en effet, compréhensibles les singuliers abus du Maréchal. Le classer dans la série des monomanes, rien de plus juste, car il l’était, si par le mot de monomane l’on désigne tout homme que domine une idée fixe. Et alors chacun de nous l’est plus ou moins depuis le commerçant dont toutes les idées convergent sur une pensée de gain, jusqu’aux artistes absorbés dans l’enfantement d’une œuvre. Mais pourquoi le Maréchal fut-il monomane, comment le devint-il ? C’est ce que tous les Lombroso de la terre ignorent. Les lésions de l’en-