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Qu’est-ce que tu lis ? « l’Anatomie de la Messe », c’est un mauvais livre de protestant ! Je suis harassé, reprit-il, en jetant son chapeau sur une table. Oh mon ami, quelles brutes que tous ces gens ! et, comme un homme qui en a gros sur le cœur, il se débonda :

— Oui, je viens d’assister à une consultation de ceux que les journaux qualifient de « princes de la science ». J’ai subi, pendant un quart d’heure, les avis les plus divers. Tous convenaient cependant que mon malade était perdu ; ils ont fini par s’entendre et par torturer inutilement ce malheureux, en prescrivant les moxas !

J’ai timidement fait observer qu’il serait plus simple de chercher un confesseur et d’endormir ensuite les souffrances du moribond avec des injections répétées de morphine. Si tu avais vu leurs têtes ! c’est tout juste s’ils ne m’ont pas traité de calottin.

Ah ! elle est bien la science contemporaine ! Tout le monde découvre une maladie nouvelle ou perdue, tambourine une méthode oubliée ou neuve et personne ne sait rien ! au reste, quand bien même l’on ne serait pas le dernier des ignares, à quoi cela servirait-il puisque la pharmacie est tellement sophistiquée qu’aucun médecin ne peut être sûr que ses ordonnances sont maintenant exécutées à la lettre ? Un exemple entre autres : à