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peureuses que toute réalité effraye, à ce point qu’elles n’oseraient pas affirmer que la sympathie dont elles sont prises tiendrait debout devant celui ou celle qui l’a fait naître. Et cependant, malgré ce beau raisonnement, il faut que je vous avoue… non, non, rien ; devinez, si vous pouvez, et pardonnez-moi aussi cette banale lettre ou plutôt lisez entre les lignes ; peut-être y trouverez-vous un peu de mon cœur et beaucoup de ce que je tais.

« Voilà une sotte lettre toute remplie de moi ; qui se douterait que je n’ai pensé qu’à vous, en l’écrivant ?  »

Jusqu’ici, ça allait encore bien, se disait Durtal. Cette femme était au moins curieuse. Et quelle singulière encre, reprit-il, regardant cette écriture d’un vert myrte mais délayé, très pâle, et détachant avec l’ongle la poudre encore attachée aux jambages des lettres, de la poudre de riz parfumée à l’héliotrope.

— Elle doit être blonde, poursuivit-il, examinant la nuance de cette poudre, car ce n’est pas la nuance rachel des femmes brunes. Mais voilà où tout se gâte. Mû par je ne sais quelle folie, je lui envoie une missive plus contournée, plus pressante. Je la tisonne en m’attisant moi-même dans le vide et je reçois aussitôt cette autre épître :

« Que faire ? je ne veux ni vous voir, ni anéantir