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déclarait cette entrevue inutile, car il n’attendait plus rien, ici-bas, d’heureux.

Je vais ajouter que je suis souffrant, cela fait toujours bien et puis ça peut excuser, au besoin, des défaillances, se dit-il, en roulant une cigarette.

Là, ça y est ; — ce n’est pas bien encourageant pour elle… oh ! et puis… Voyons, quoi encore ? — Eh ! pour éviter le futur crampon, je ne ferai pas mal de lui laisser entendre aussi qu’une liaison sérieuse et soutenue avec moi n’est pas, pour des raisons de famille, possible. Et en voilà assez pour une fois…

Il plia sa lettre et griffonna l’adresse.

Puis il la tint entre ses doigts et réfléchit. Décidément c’est une bêtise de répondre ; est-ce qu’on sait ? est-ce qu’on peut prévoir dans quels guêpiers mènent ces entreprises ? il savait pourtant bien que, quelle qu’elle soit, la femme est un haras de chagrins et d’ennuis. Si elle est bonne, elle est souvent par trop bête, ou alors elle n’a pas de santé ou bien encore elle est désolamment féconde, dès qu’on la touche. Si elle est mauvaise, l’on peut s’attendre, en plus, à tous les déboires, à tous les soucis, à toutes les hontes. Ah ! quoi qu’on fasse, on écope !

Il se régurgita les souvenirs féminins de sa jeunesse, se rappela les attentes et les mensonges,