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anciennes dames qui placent des lots oubliés de caresses, des warants d’âme ! quarante-cinq ans, pour le moins ; sa clientèle se compose ou de petits jeunes gens toujours satisfaits, s’ils ne payent point, ou de gens de lettres, peu difficiles à contenter, car la laideur des maîtresses, dans ce monde-là, est proverbiale ! — À moins que ce ne soit une simple mystification ; — mais de qui ? et dans quel but ? puisque je ne connais plus maintenant personne !

Dans tous les cas, il n’y a qu’à ne pas répondre.

Mais, malgré lui, il rouvrit cette lettre. Voyons, qu’est-ce que je risque ? se dit-il ; si cette dame veut me vendre un trop vieux cœur, rien ne m’oblige à l’acquérir ; j’en serai quitte pour aller à un rendez-vous.

Oui, mais où le lui fixer ce rendez-vous. Ici, non ; une fois chez moi, l’affaire se complique, car il est plus difficile de mettre une femme à la porte que de la lâcher dans un coin de rue. Si je lui indiquais justement l’angle de la rue de Sèvres et de la rue de la Chaise, le long du mur de l’Abbaye-aux-Bois ; c’est solitaire et puis c’est à deux pas d’ici. Voyons, commençons d’abord par lui répondre, mais vaguement, sans indiquer de lieu précis ; nous résoudrons cette question-là, plus tard, après sa réponse. Et il écrivit une lettre dans laquelle il parlait, lui aussi, de sa lassitude d’âme