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soutenu par ses deux amis, gagner la chambre du Maréchal où on le coucha ; mais les coups qu’il avait reçus furent si violents qu’il délira ; la fièvre s’accrut. Gilles, désespéré, s’installa près de lui, le soigna, le fit confesser, pleura de bonheur, lorsqu’il ne fut plus en danger de mort.

Ce fait qui se renouvelle du sorcier inconnu et de Prélati, dangereusement blessés, en une chambre vide, dans des circonstances identiques, c’est tout de même étonnant, se disait Durtal.

Et les documents qui relatent ces faits sont authentiques ; ce sont les pièces mêmes du procès de Gilles ; d’autre part, les aveux des accusés, les dépositions des témoins concordent ; et il est impossible d’admettre que Gilles, que Prélati, aient menti, car en confessant ces évocations sataniques, ils se condamnaient, eux-mêmes, à être brûlés vifs.

S’ils avaient encore déclaré que le Malin leur était apparu, qu’ils avaient été visités par des succubes ; s’ils avaient affirmé avoir entendu des voix, senti des odeurs, touché même un corps, l’on pourrait admettre des hallucinations semblables à celles de certains sujets de Bicêtre ; mais, ici, il ne peut y avoir détraquement des sens, visions morbides, car les blessures, la marque des coups, le fait matériel, visible et tangible, est là.

On peut se figurer combien le mystique qu’é-