le monastère, car ce fut une véritable école d’art mystique, sous toutes ses formes, que Cluny !
— Sans compter, fit Durtal, les écrivains, tels que saint Mayeul, saint Odilon, saint Hugues, Pierre le Vénérable, d’autres qui ne furent point canonisés et qui nous laissèrent d’instructives monographies, Syrus, celle de saint Mayeul, Jotsand, celle de saint Odilon, enfin le célèbre Raoul Glaubert, dont l’histoire universelle est, tant de fois, depuis le Moyen-Age, citée.
Mais la gloire de l’abbaye, ce furent surtout ses architectes qui l’assurèrent. Je me rappelle avoir visité ces restes devenus une école professionnelle et un haras ; les ruines de la basilique suggèrent l’idée contradictoire de la sveltesse et de l’énormité ; cette église gigantesque avec sa forêt de clochers, son vestibule grand à lui seul comme Notre-Dame de Dijon et précédant la réelle église, immense, avec ses cinq nefs, ses futaies de piliers aux chapiteaux sculptés de feuillages, d’oiseaux, de bêtes chimériques, ses trois cents fenêtres dont les personnages brûlaient en des torches de couleur, ses deux cent vingt-cinq stalles de religieux, dans le chœur, suscitait l’impression d’un monument colossal, décelait le type d’un style roman qui ne subsiste que là et dont les proportions formidables n’ont pas été dépassées par le gothique.
Il n’y a pas à barguigner, c’étaient de fiers lapins, les deux moines qui érigèrent cette basilique géante, Gauzon qui en traça les plans et Hazelon qui les exécuta !
— Et il n’y eut point que ces deux-là, dit M. Lampre, des architectes dont les noms sont oubliés et qui étaient, eux aussi, des clunistes, ont rayonné de toutes parts et