et qui allait réclamer, en un baptême de malédiction, que le sang du sauveur retombât sur elle.
Voulant souffrir tout ce qu’elle pouvait souffrir, elle dut espérer contre tout espoir, se demander, dans l’excès de son angoisse, si, au dernier moment, ces scélérats n’épargneraient pas son Fils, si Dieu, par un miracle inattendu, n’opérerait pas la rédemption du monde, sans infliger à son Verbe les tortures horribles de la croix. Elle se rappela sans doute qu’après son consentement, Abraham fut délivré de l’effroyable tâche d’égorger son fils et peut-être espéra-t-elle que, de même qu’Isaac, sa préfigure, Jésus serait délié, lui aussi, au dernier moment, et sauvé du sacrifice.
Et ces pensées sont naturelles si l’on songe que Marie savait ce qu’il était opportun qu’elle sût, mais qu’elle ne savait pas tout ; elle connut, par exemple, le mystère de l’incarnation, mais elle en ignora le temps, le lieu et l’heure ; elle ignora, avant la visite de l’ange Gabriel, qu’elle était la femme, choisie de toute éternité, celle dont le Messie naîtrait.
Et, humble, telle qu’elle était, ne cherchant point à pénétrer les secrets du Très-Haut, elle put aisément se leurrer.
Que se passa-t-il pendant ces heures sur lesquelles les evangiles se taisent ? Lorsqu’elle apprit que le sauveur était arrêté, raconte Ludolphe le Chartreux, elle s’élança, avec Magdeleine à sa poursuite et dès qu’elle l’eut retrouvé, elle s’attacha à ses pas et ne le quitta plus.
La sœur Emmerich confirme, de son côté, ces courses de la Vierge et elle entre dans de nombreux détails, un peu confus, sur les allées et venues de Marie,