quatre mille ans écoulés avant la venue du Christ sont enfin closes. Le 1er de l’an civil, le 1er janvier du calendier grégorien est pour le monde un sujet de liesse ; pour nous, le jour de l’an liturgique, qui est le premier dimanche de l’avent, fut un sujet de peines. L’avent, symbole d’Israël, qui appelait, en se macérant et en jeûnant sous la cendre, l’arrivée du messie est, en effet, un temps de pénitence et de deuil. Plus de gloria, plus d’orgue aux féries, plus d’ite missa est, plus de te deum, à l’office de nuit ; nous avons adopté comme marque de tristesse le violet et jadis, en un signe plus énergique d’inquiétudes et de transes, certains diocèses, ainsi que celui de Beauvais, arboraient des ornements cendrés ; d’autres même, ceux du Mans, de Tours, les églises du Dauphiné, renchérissaient encore sur le sens des couleurs désolées, en revêtant la teinte des trépassés, le noir.
La liturgie de cette époque est splendide. Aux détresses des âmes qui pleurent leurs péchés, se mêlent les clameurs enflammées et les hourras des prophètes annonçant que le pardon est proche ; les messes des quatre-temps, les grandes antiennes des O, l’hymne des vêpres, le rorate coeli du salut, le répons de matines du premier dimanche peuvent être considérés parmi les plus précieux bijoux du trésor des offices ; seuls les écrins du carême et de la passion contiennent des orfèvreries aussi parfaites ; les voici maintenant réintégrées dans leur cassette, pour un an. L’allégresse des souhaits exaucés succède aux anxiétés des échéances ; et pourtant tout n’est pas achevé, car l’avent se réfère non seulement à la nativité du Christ, mais aussi à son dernier avènement, c’est-à-