Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compagnie, au premier rang de la troupe de ces vierges ; et, lorsque, dans un grand silence, la sonnette tinta et que le prêtre, se retournant, fendit lentement l’air en forme de croix et bénit, avec le Saint-Sacrement, la chapelle abattue à ses pieds, Durtal demeura, le corps incliné, les yeux clos, cherchant à se dissimuler, à se faire petit, à passer inaperçu, Là-haut, au milieu de cette foule pieuse.

Le psaume Laudate Dominum omnes gentes retentissait encore, quand le bedeau vint lui enlever son cierge. Durtal fut sur le point de jeter un cri, alors qu’il fallut se mettre debout ; ses genoux engourdis craquaient et leurs charnières ne manœuvraient plus.

Il finit néanmoins par regagner, cahin-caha, sa place ; il laissa s’écouler la foule, et, s’approchant du bedeau, il lui demanda le nom de ce couvent et l’ordre auquel appartenaient ces religieuses.

Ce sont des franciscaines missionnaires de Marie, répondit cet homme, mais ce sanctuaire n’est pas leur propriété, comme vous semblez le croire ; c’est une chapelle de secours qui dépend de la paroisse de Saint-Marcel de la Maison-Blanche ; elle est seulement reliée par un couloir à la maison que ces sœurs occupent là, derrière nous, dans la rue de l’Ebre. Elles suivent, en somme, les offices au même titre que vous, que moi, et elles tiennent, pour les enfants du quartier, école.

Elle est attendrissante cette petite chapelle, se dit Durtal, lorsqu’il fut seul. Elle est vraiment appariée à l’endroit qu’elle abrite, à la triste rivière des tanneurs qui coule, en deçà de la rue de la Glacière, dans les cours. Elle me fait l’effet d’être à Notre-Dame de Paris ce que