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régulièrement le sacerdoce. Je sais que, lorsqu’il le peut, il célèbre encore la messe, le matin, dans un couvent ; je crois aussi qu’il confesse chez lui quelques confrères ; et Tocane avait dédaigneusement ajouté : il a à peine de quoi vivre et il ne doit pas être bien vu à l’archevêché, à cause de ses idées mystiques.

Là s’arrêtaient ses renseignements. Il est évidemment un très bon prêtre, se répétait Durtal ; sa physionomie même le détermine et c’est une contradiction de la bouche et des yeux qui avère cette certitude d’une bonté parfaite ; ses lèvres, un peu grosses et violettes, toujours humides, sourient d’un sourire affectueux, mais presque triste, que démentent ses yeux bleus d’enfant, des yeux qui rient, étonnés, sous d’épais sourcils blancs, dans son visage un peu rouge, piqueté sur les joues tel qu’un abricot mûr, de points de sang.

En tout cas, conclut Durtal qui sortit de ses rêveries, j’ai eu bien tort de ne pas continuer les relations que j’avais entamées avec lui.

Oui, mais voilà, rien n’est plus difficile que d’entrer dans la réelle intimité d’un prêtre ; d’abord, par l’éducation même qu’il reçut au séminaire, l’ecclésiastique se croit obligé de se disséminer, de ne pas se concentrer en des affections particulières ; puis il est, ainsi que le médecin, un homme harassé d’occupations et introuvable. On les voit, quand on les joint, l’un et l’autre, entre deux confessions ou deux visites. L’on n’est pas avec cela bien certain du bon aloi de l’accueil empressé du prêtre, car il est le même pour tous ceux qui l’approchent ; enfin ne visitant pas l’abbé Gévresin pour réclamer des secours ou des soins, j’ai eu peur de l’embar-