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Et les dévotes étaient encore moins rassurantes ; elles envahissaient l’église, s’y promenaient ainsi que chez elles, dérangeaient tout le monde, bousculaient les chaises, vous cognaient sans même demander pardon ; puis elles s’agenouillaient avec faste, prenaient des attitudes d’anges contrits, marmottaient d’intarissables patenôtres, sortaient de l’église encore plus arrogantes et plus aigres.

Comme c’est encourageant de se dire qu’il faudra se mêler à la clique de ces pécores pieuses ! s’écriait-il.

Mais aussitôt, sans même qu’il le voulût, il se répondait : tu n’as pas à t’occuper des autres ; si tu étais plus humble, ces gens te paraîtraient sans doute moins hostiles ; ils ont dans tous les cas le courage qui te manque ; eux n’ont pas honte de leur foi et ils ne craignent pas de s’agenouiller en public devant leur Dieu.

Et Durtal restait penaud, car il devait bien s’avouer que cette riposte frappait juste. L’humilité lui faisait défaut, cela était sûr, mais ce qui était peut-être pis encore, il ne pouvait se soustraire au respect humain.

Il appréhendait de passer pour un sot ; la perspective d’être aperçu, à genoux, dans une église, l’horripilait ; l’idée, si jamais il devait communier, de se lever, d’affronter les regards pour s’acheminer vers l’autel, lui était intolérable.

S’il vient jamais, ce qu’il sera dur à subir ce moment-là ! se disait-il ; et pourtant, c’est idiot, car enfin je n’ai que faire de l’opinion de personnes que je ne connais point ! mais il avait beau se répéter que ses alarmes étaient absurdes, il ne parvenait pas à les surmonter, à se dissuader de la peur du ridicule.

Enfin, reprenait-il, quand même je me déciderais à