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que cette passion des béatilles se retrouve dans toute son œuvre. Son Dieu est si difficile à contenter, si méticuleux, si tâtillon, que personne n’irait au Ciel si l’on croyait ce qu’il raconte ! — C’est un épilogueur d’éternité, un grigou de paradis, ce Dieu-là !

En somme, Suso s’épand en d’impétueux discours sur des vétilles ; puis ce qu’avec ses insipides allégories, son morose « Colloque des neuf rochers » m’assomme !

— Vous conviendrez bien, pourtant, que son étude sur « l’Union de l’âme » est substantielle et que « l’office de l’Eternelle Sagesse qu’il composa vaut qu’on le lise.

— Je ne dis pas, mon père ; je n’ai plus présent à la mémoire cet office ; mais je me rappelle assez bien le traité de « l’Union avec Dieu » ; il m’a semblé plus intéressant que le reste, mais avouez qu’il est de bien courte haleine… et puis sainte Térèse a élucidé, elle aussi, cette question du renoncement humain et de la fruition divine… et dame alors !

— Allons, fit l’oblat en souriant, je renonce à faire de vous un lecteur fervent du bon Suso.

— Pour nous, reprit le P. Maximin, voici vraiment quel devrait être, si nous avions un peu de temps pour travailler, le levain de nos méditations, le sujet de nos lectures et il amena à lui un in-folio qui contenait les œuvres de sainte Hildegarde, abbesse du monastère de Ruperstberg.

C’est que, voyez-vous, celle-là est la grande Prophétesse du Nouveau Testament. Jamais, depuis les visions de saint Jean à Pathmos, l’Esprit-Saint ne s’était communiqué à un être terrestre avec autant de plénitude et