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pas le seul de nos ancêtres en saint Benoît dont ce couvent dispose, dit le père, avec une certaine fierté. — Voyez, et il désigna sur des rayons de puissants in-quarto, voici : saint Grégoire Le Grand, Bède le Vénérable, saint Pierre Damien, saint Anselme… et vos amis sont là, fit-il, suivant de l’œil Durtal qui lisait des titres de volumes, sainte Térèse, saint Jean de la Croix, sainte Madeleine de Pazzi, sainte Angèle, Tauler,… et celle-ci qui, de même que la sœur Emmerich, dictait ses entretiens avec Jésus, pendant l’extase. — Et le prieur tira de la file des livres deux in-dix-huit : les « Dialogues » de sainte Catherine de Sienne.

— Elle est terrible pour les prêtres de son temps cette Dominicaine, reprit le moine. Elle vérifie leurs méfaits, leur reproche nettement de vendre le Saint-Esprit, de pratiquer des sortilèges, de se servir du sacrement pour composer des maléfices.

— Sans compter les vices indus dont elle les accuse dans la série du péché de chair, ajouta l’oblat.

— Certes, elle ne mâche pas ses mots, mais elle avait le droit de le prendre sur ce ton et de menacer au nom du Seigneur, car elle était vraiment inspirée par Lui. Sa doctrine était puisée aux sources divines. — « Doctrina ejus infusa, non acquisita », a dit l’Eglise dans la bulle qui la canonise. Ses Dialogues sont admirables ; les pages où Dieu lui explique les saintes fraudes dont il use parfois pour ramener les hommes au bien, les passages où elle traite de la vie monastique, de cette barque qui possède trois cordages : la chasteté, l’obéissance et la pauvreté, et qui affronte la tempête sous la conduite du Saint-Esprit, sont délicieux. Elle se révèle,