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D’un autre côté, les Physionomies de Saints d’Hello valent qu’on les lise. La Foi jaillit dans chacun de ses portraits, l’enthousiasme déborde des chapitres, des rapprochements inattendus creusent d’inépuisables citernes de réflexions entre les lignes ; mais quoi ! Hello était si peu artiste que d’adorables légendes déteignent dans ses doigts quand il y touche ; la lésine de son style appauvrit les miracles et les rend inermes. Il y manque l’art qui sortirait ce livre de la catégorie des œuvres blafardes, des œuvres mortes !

L’exemple de ces deux hommes, opposés comme jamais écrivains ne le furent, et n’ayant pu atteindre la perfection, l’un, dans la légende de saint Julien, parce que la Foi lui faisait défaut et l’autre parce qu’il possédait une inextensible indigence d’art, décourageait complètement Durtal. Il faudrait être en même temps les deux, et rester encore soi, se disait-il, sinon à quoi bon s’atteler à de telles tâches ? Mieux vaut se taire ; et il se renfrognait, désespéré, dans son fauteuil.

Alors le mépris de cette existence déserte qu’il menait s’accélérait en lui et, une fois de plus, il se demandait l’intérêt que la Providence pouvait bien avoir à torturer ainsi les descendants de ses premiers convicts ? Et s’il n’obtenait pas de réponse, il était pourtant bien obligé de se dire qu’au moins l’Église recueillait, dans ces désastres, les épaves, qu’elle abritait les naufragés, les rapatriait, leur assurait enfin un gîte.

Pas plus que Schopenhauer dont il avait autrefois raffolé, mais dont la spécialité d’inventaires avant décès et les herbiers de plaintes sèches l’avaient lassé, l’Église ne décevait l’homme et ne cherchait à le leurrer, en lui