Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’abord, les perles et les gemmes de la Sainte Vierge, les joyaux limpides, les saphirs bleus et les spinelles roses de ses antiennes, puis l’aigue-marine si lucide, si pure de l’ « Ave maris stella », la topaze pâlie des larmes de l’ « O quot undis lacrymarum » de la fête des Sept Douleurs, et l’hyacinthe, couleur de sang essuyé, du « Stabat » ; puis s’égrènent les fêtes des Anges et des Saints, les hymnes dédiées aux Apôtres et aux Évangélistes, aux Martyrs solitaires ou accouplés, hors et pendant le temps pascal, aux Confesseurs Pontifes ou non Pontifes, aux Vierges, aux saintes Femmes, toutes fêtes différenciées par des séquences particulières, par des proses spéciales, dont quelques-unes naïves, comme les quatrains tressés en l’honneur de la nativité de saint Jean-baptiste, par Paul Diacre.

Il reste enfin la Toussaint avec le « Placare Christe » et les trois coups de tocsin, le glas en tercets du « Dies iræ » qui retentit le jour réservé à la Commémoration des morts.

Quel immense bien-fonds de poésie, quel incomparable fief d’art l’Église possède ! s’écria-t-il, en fermant son livre ; et des souvenirs se levaient pour lui de cette excursion dans l’eucologe.

Que de soirs où la tristesse de vivre s’était dissipée, en écoutant ces proses clamées dans les églises !

Il repensait à la voix suppliante de l’Avent et il se rappelait un soir où il rôdait, sous une pluie fine, le long des quais. Il était chassé de chez lui par d’ignobles visions et en même temps obsédé par le dégoût croissant de ses vices. Il avait fini, sans le vouloir, par échouer à Saint-Gervais.