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II



Comment était-il redevenu catholique, comment en était-il arrivé là ?

Et Durtal se répondait : je l’ignore, tout ce que je sais, c’est qu’après avoir été pendant des années incrédule, soudain je crois.

Voyons, se disait-il, tâchons cependant de raisonner si tant est que, dans l’obscurité d’un tel sujet, le bon sens subsiste.

En somme, ma surprise tient à des idées préconçues sur les conversions. J’ai entendu parler du bouleversement subit et violent de l’âme, du coup de foudre, ou bien de la foi faisant à la fin explosion dans un terrain lentement et savamment miné. Il est bien évident que les conversions peuvent s’effectuer suivant l’un ou l’autre de ces deux modes, car Dieu agit comme bon lui semble, mais il doit y avoir aussi un troisième moyen qui est sans doute le plus ordinaire, celui dont le Sauveur s’est servi pour moi. Et celui-là consiste en je ne sais quoi ; c’est quelque chose d’analogue à la digestion d’un estomac qui travaille, sans qu’on le sente. Il n’y a