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fréquents dans le dernier des châteaux de l’âme. Oui, mais ces Saintes se hissèrent sur les cimes de la vie et retinrent d’une façon permanente, dans leur coque charnelle, un Dieu. Parvenue à ce point culminant, la nature, trop faible pour supporter l’état parfait, se brise, mais, je l’affirme encore, ces cas sont une exception et non une règle. Ce sont du reste des maladies qui ne sont point contagieuses, hélas !

Je n’ignore pas, reprit l’oblat, après une pause, que des gens nient résolument l’existence même de la Mystique et par conséquent n’admettent point qu’elle puisse influer sur les conditions de l’organisme, mais l’expérience de cette réalité surnaturelle est séculaire et les preuves abondent.

Prenons, par exemple, l’estomac ; eh bien, sous l’épreinte céleste, il se transforme, supprime toute nourriture terrestre, consomme seulement les Espèces Saintes.

Sainte Catherine de Sienne, Angèle de Foligno ont exclusivement vécu, pendant des années, du sacrement : et ce don fut également dévolu à sainte Colette, à sainte Lidwine, à Dominique de Paradis, à sainte Colombe de Riéti, à Marie Bagnesi, à Rose de Lima, à saint Pierre d’Alcantara, à la mère Agnès de Langeac, à beaucoup d’autres.

Sous l’emprise divine, l’odorat, le goût ne présentent pas des métamorphoses moins étranges. Saint Philippe de Néri, sainte Angèle, sainte Marguerite de Cortone, reconnaissaient un goût spécial au pain azyme, alors qu’après la consécration, il n’était plus du froment, mais la chair même du Christ. Saint Pacôme distinguait les hérétiques à leur puanteur ; sainte Catherine de Sienne, saint Joseph de Cupertino, la mère Agnès de Jésus, décou-