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Et ils se redressèrent tandis que l’autre partie des pères prononçait le répons : « Sicut erat in principio, etc. »

L’office commença.

Il n’était pas chanté, mais psalmodié, tantôt rapide et tantôt lent. Le côté du chœur, visible pour Durtal, faisait de toutes les voyelles des lettres aiguës et brèves ; l’autre, au contraire, les muait en des longues, semblait coiffer d’un accent circonflexe tous les O. On eût dit, d’une part, la prononciation du Midi, et, de l’autre, celle du Nord ; ainsi psalmodié, l’office devenait étrange ; il finissait par bercer tel qu’une incantation, par dorloter l’âme qui s’assoupissait dans ce roulement de versets interrompu par la doxologie revenant, en ritournelle, après la dernière strophe de chacun des psaumes.

Ah ça ! mais, je n’y comprends rien, se dit Durtal qui connaissait ses Complies sur le bout du doigt ; ce n’est plus du tout l’office romain qu’ils chantent.

Le fait est que l’un des psaumes manquait. Il retrouva bien, à un moment, l’hymne de saint Ambroise, le « Te lucis ante terminum », clamé alors sur un air ample et rugueux de vieux plain-chant et encore la dernière strophe n’était-elle plus la même ! Mais il se perdait à nouveau, attendait les « Leçons brèves », le « Nunc dimittis » qui ne vinrent pas.

Les Complies ne sont pourtant point variables, comme les Vêpres, se dit-il ; il faudra que je demande, demain, des explications au P. Etienne.

Puis il fut troublé dans ses réflexions par un jeune moine blanc qui passa, en s’agenouillant devant l’autel, et alluma deux cierges.