Après un silence, il reprit : j’ai fixé à huit jours la durée de votre retraite, dans la lettre que j’ai envoyée à l’abbé Gévresin, mais il va de soi que si vous ne vous ennuyez pas trop ici, vous pourrez y demeurer autant que vous le croirez bon.
— Je souhaite de pouvoir prolonger mon séjour parmi vous, mais cela dépendra de la façon dont mon corps supportera la lutte ; j’ai l’estomac assez malade et je ne suis pas sans crainte ; aussi, pour parer à tout événement, vous serai-je obligé si vous pouviez me faire venir, le plus tôt possible, le confesseur.
— Bien, vous le verrez demain ; je vous indiquerai l’heure, ce soir, après Complies. Quant à la nourriture, si vous l’estimez insuffisante, je vous ferai allouer un supplément d’un œuf ; mais, là, s’arrête la discrétion dont je puis user, car la règle est formelle, ni poisson, ni viande, — des légumes, et, je dois vous l’avouer, ils ne sont pas fameux !
Vous allez en juger, d’ailleurs, car l’heure du souper est proche ; si vous le voulez bien, je vais vous montrer la salle où vous mangerez en compagnie de M. Bruno.
Et, tout en descendant l’escalier, le moine poursuivit : M. Bruno est une personne qui a renoncé au monde et qui, sans avoir prononcé de vœux, vit en clôture. Il est ce que notre règle nomme un oblat ; c’est un saint et un savant homme qui vous plaira certainement ; vous pourrez causer avec lui, pendant le repas.
— Ah ! fit Durtal, et avant et après, je dois garder le silence ?
— Oui, à moins que vous n’ayez quelque chose à