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IX



Il éprouvait ce réveil douloureux du malade qu’un médecin berne pendant des mois et qui apprend, un beau matin, qu’il n’a plus qu’à se faire transporter dans une maison de santé pour y subir une opération de chirurgie devenue pressante. — Mais on n’agit pas ainsi, se cria Durtal ; on prévient, peu à peu, les gens, on les accoutume par des précautions oratoires, à l’idée qu’il faudra se laisser découper sur l’étal, on ne les frappe pas de la sorte à l’improviste !

Oui, mais qu’importe, puisque je sens très bien, au fond de moi, que cet ecclésiastique a raison ; je dois, si je veux m’amender, quitter Paris ; c’est égal, le traitement qu’il m’inflige est vraiment dur à suivre, comment faire ?

Et il vécut, depuis ce moment, des jours hantés par les Trappes. Il rumina la pensée d’un départ, la retourna sur toutes ses faces ; il se remâcha le pour et le contre, finit par se dire : classons nos réflexions et ouvrons un compte ; établissons, pour nous y reconnaître, un Doit et Avoir.