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Il ne savait plus à quelles réflexions entendre, ne voyait surnager, dans ce remous d’idées troubles, qu’une pensée nette : que le moment tant redouté de prendre une résolution était venu.

L’abbé le regarda, s’aperçut qu’il souffrait réellement et sa pitié s’accrut pour cette âme si malhabile à supporter les luttes.

Il saisit le bras de Durtal et doucement dit :

— Mon enfant, croyez-moi, le jour où vous irez de vous-même chez Dieu, le jour où vous frapperez à sa porte, elle s’ouvrira à deux battants et les anges s’effaceront pour vous laisser passer. L’Évangile ne ment pas, allez, lorsqu’il affirme qu’il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont que faire de pénitence. Vous serez d’autant mieux accueilli qu’on vous attend ; enfin, soyez assez mon ami pour penser que le vieux prêtre que vous laisserez ici ne demeurera pas inactif et que lui et que les couvents dont il dispose prieront de leur mieux pour vous.

— Je verrai, répondit Durtal, vraiment ému par l’accent attendri de l’abbé, je verrai… je ne puis me décider ainsi, à l’improviste, je réfléchirai… Ah ! ce n’est pas simple !

— Priez surtout, fit le prêtre qui était arrivé devant sa porte. J’ai, de mon côté, beaucoup supplié le Seigneur pour qu’il m’éclaire et je vous atteste que cette solution de la Trappe est la seule qu’il m’ait donnée. Implorez-le humblement à votre tour, et vous serez guidé. À bientôt, n’est-ce pas ?

Et il serra la main de Durtal qui, demeuré seul, finit