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qui ont la spécialité des retraites d’hommes ; mais, vous connaissant comme je crois vous connaître, je suis sûr que vous n’y resteriez pas deux jours. Vous vous trouveriez avec d’aimables et de très habiles prêtres, mais on vous assommerait de sermons, on voudrait se mêler à votre vie, s’immiscer dans votre art ; on surveillerait vos pensées à la loupe ; et puis, vous seriez là en traitement avec de bons jeunes gens dont l’inintelligente piété vous ferait horreur : vous fuiriez, exaspéré, de là !

À la Trappe, c’est le contraire. Vous y serez sans nul doute le seul retraitant et il ne viendra à l’idée de personne de s’occuper de vous ; vous serez libre ; vous pourrez, si vous le voulez, partir de ce monastère tel que vous y serez entré, sans vous être confessé, sans vous être approché des Sacrements ; votre volonté y sera respectée et aucun moine ne tentera, sans votre autorisation, de la sonder. C’est à vous seul qu’il appartiendra de décider, si, oui ou non, vous voulez vous convertir…

Et je serai franc jusqu’au bout, n’est-ce pas ? vous êtes, je vous l’ai déjà déclaré du reste, un homme sensitif et méfiant ; eh bien, le prêtre, tel qu’il se présente à Paris, le religieux même non cloîtré vous semblent… comment m’exprimerai-je ? des âmes subalternes… pour ne pas dire plus…

Durtal protesta vaguement, d’un geste.

— Permettez-moi de poursuivre. Une arrière-pensée vous viendrait sur l’ecclésiastique auquel écherrait le soin de vous laver ; vous seriez trop sûr qu’il n’est pas un saint, — c’est peu théologique, car fût-il le dernier des prêtres que son absolution n’en serait pas moins valable, si vous