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cri des ciseaux peinant dans cette toison qui fuyait sous ses lames, puis tout se tut. Dom Etienne ouvrit la main et, sur ses genoux, en de longs fils noirs, cette pluie tomba.

Il y eut un soupir de soulagement lorsque les prêtres et les paranymphes emmenèrent la mariée, étrange dans sa robe à traîne, avec sa tête déparée et sa nuque nue.

Et presque aussitôt le cortège revint. Il n’y avait plus de fiancée en jupe blanche, mais une religieuse en robe noire.

Elle s’inclina devant le trappiste et se remit à genoux, entre sa mère et sa sœur.

Alors, tandis que l’abbé priait le Seigneur de bénir sa servante, le cérémoniaire et le diacre prirent sur une crédence, près de l’autel, une corbeille où, sous des pétales effeuillés de roses, étaient pliés une ceinture de cuir mort, symbole du terme de cette luxure que les Pères de l’Eglise logeaient dans la région des reins, un scapulaire qui allégorise la vie crucifiée au monde, un voile qui signifie la solitude de la vie cachée en Dieu ; et le prélat énonçait le sens de ces images à la novice, saisissait enfin le cierge allumé dans le flambeau placé devant elle et il le lui tendait, divulguant en un mot l’acception de cet emblème : accipe, charissima soror, lumen Christi…

Puis Dom Etienne reçut le goupillon que lui présentait, en s’inclinant, un prêtre et, ainsi qu’à l’absoute des trépassés, il dessina une croix d’eau bénite sur la jeune fille ; ensuite, il se rassit et, doucement, tranquillement, sans même faire un geste, il parla.

Il s’adressait à la postulante seule et glorifiait devant