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seille à tort et à travers, entrave l’énergie de l’abbesse qui est autrement forte que lui sur ces matières.

— Et, fit Durtal qui chercha ses mots, voyons, je présume que des histoires dans le genre de celles que Diderot raconte dans ce sot volume qu’est la « Religieuse » sont inexactes ?

— À moins qu’une communauté ne soit pourrie par une supérieure vouée au Satanisme — ce qui, Dieu merci, est rare, — les ordures narrées par cet écrivain sont fausses, et il y a, d’ailleurs, une bonne raison pour qu’il en soit ainsi, c’est qu’il existe un péché qui est l’antidote de celui-là, le péché de zèle.

— Hein ?

— Oui, le péché de zèle qui fait dénoncer sa voisine, qui satisfait les jalousies, qui crée l’espionnage pour contenter ses rancunes ; c’est là le vrai péché du cloître. Eh bien, je vous assure que si deux sœurs s’avisaient de perdre toute vergogne, elles seraient aussitôt dénoncées.

— Mais je croyais, Monsieur l’abbé, que la dénonciation était permise par la plupart des règles d’ordres.

— Oui, mais peut-être serait-on porté à en abuser un peu, surtout dans les couvents de femmes, car vous pensez bien que si les cloîtres renferment de pures mystiques, de véritables saintes, ils tiennent aussi des religieuses moins avancées dans les voies de la Perfection et qui conservent bien encore quelques défauts…

— Voyons, puisque nous sommes sur ce chapitre des détails intimes, oserai-je vous demander si la propreté n’est pas tant soit peu négligée par ces braves filles ?

Je l’ignore ; tout ce que je sais, c’est que, dans les