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en elle ces mots « ne t’afflige pas » et aussitôt la bourrasque dévie et la joie renaît. En second lieu, ces paroles laissent l’âme dans une indissoluble paix ; enfin elles se gravent dans la mémoire et souvent même ne s’effacent plus.

Dans le cas contraire, reprend-elle, si ces paroles proviennent de l’imagination ou du démon, aucun de ces effets ne se produit ; mais une sorte de malaise, d’angoisse, de doute vous torture ; de plus, ces phrases s’évaporent en partie, fatiguent l’âme qui s’efforce, en vain, de les reconstituer dans leur entier.

Malgré ces points de repère, l’on se tient, en somme, sur un terrain mouvant où l’on peut s’enfoncer à chaque pas ; mais saint Jean de la Croix intervient à son tour, et, lui, vous ordonne de ne pas bouger. Que faire alors ?

L’on ne doit pas, dit-il, aspirer à ces communications surnaturelles et s’y arrêter et cela pour deux motifs : d’abord, parce qu’il y a humilité, abnégation parfaite à se refuser d’y croire ; ensuite, parce qu’en agissant de la sorte, on se délivre du travail nécessaire pour s’assurer si ces visions vocales sont vraies ou fausses ; on se dispense ainsi d’un examen qui n’a d’autre profit pour l’âme que perte de temps et inquiétudes.

Bien — mais si ces paroles sont réellement prononcées par Dieu, on se rebelle contre sa volonté, en demeurant sourd ! Et puis, ainsi que l’affirme sainte Térèse, il n’est pas en notre pouvoir de ne point les écouter et l’âme ne peut penser qu’à ce qu’elle entend, quand Jésus lui parle ! — D’ailleurs tous les raisonnements sur cette question vacillent, car l’on n’entre pas, de son plein gré, dans la