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Oui, mais en somme, conclut Durtal, tous ces quémandeurs ne sont pas des âmes bien extraordinaires, car enfin, la plupart sont semblables à moi ; ils y sont dans leur intérêt, pour eux, et non pour Elle.

Et il se rappela la réplique de l’abbé Gévresin auquel il avait déjà fait cette réflexion :

— Vous seriez singulièrement avancé dans la voie de la Perfection, si vous n’y alliez que pour Elle.

Soudain, après tant d’heures passées dans les chapelles, une détente eut lieu ; la chair éteinte sous la cendre des prières se ralluma et l’incendie, jailli des bas-fonds, devint terrible.

Florence revint trouver Durtal, chez lui, dans les églises, dans la rue, partout ; et il resta constamment en vigie devant les appas réapparus de cette fille.

Le temps s’en mêla ; les firmaments pourrirent ; un été orageux sévit, charriant tous les énervements, affadissant toutes les volontés, décageant dans de fauves moiteurs la troupe réveillée des vices. Durtal blêmit devant l’horreur des soirées longues, devant l’abominable mélancolie des jours qui ne meurent point ; à huit heures du soir, le soleil n’était plus couché et à trois heures du matin, il semblait veiller encore ; la semaine ne faisait plus qu’une journée ininterrompue et la vie ne s’arrêtait point.

Accablé par l’ignominie des soleils en rage et des ciels bleus, dégoûté de baigner dans des Nils de sueur, las de sentir des Niagaras lui couler sous le chapeau, il ne sortit plus de chez lui ; mais alors, dans la solitude, les immondices l’envahirent.

Ce fut l’obsession, par la pensée, par l’image, par