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C’était monstrueux ; et il fallait réellement que les curés eussent perdu, non pas le sens de l’art, — puisqu’ils ne l’ont jamais eu — mais le sens le plus élémentaire de la liturgie, pour accepter de semblables hérésies, pour supporter de pareils attentats dans leurs églises !

Ces souvenirs exaspéraient Durtal ; mais il revenait peu à peu à Notre-Dame des Victoires et se calmait. Celle-là, il avait beau l’examiner sur toutes ses faces, elle n’en restait pas moins mystérieuse, pas moins, à Paris, unique.

À la Salette, à Lourdes, il y avait eu des apparitions. — Qu’elles aient été authentiques ou controuvées, peu m’importe, se disait-il, car, en supposant que la Vierge n’y fut pas au moment où l’on proclamait sa venue, elle y fut attirée et elle y demeure maintenant, liée par l’afflux des prières, par les effluences jaillies de la foi des foules ; des miracles s’y sont produits ; il n’est pas étonnant, dès lors, que des masses pieuses s’y rendent ; mais, ici, à Notre-Dame des Victoires, il n’y eut aucune apparition ; aucune Mélanie, aucune Bernadette n’y ont vu et décrit l’apparence lumineuse d’une « belle Dame ». Il n’y a ni piscines, ni services médicaux, ni guérisons publiques, ni cimes de montagne, ni grotte ; il n’y a rien. En 1836, un beau jour, le curé de cette paroisse, l’abbé Dufriche Des Genettes, affirme que, pendant qu’il célébrait la messe, la Vierge lui a manifesté le désir que ce sanctuaire Lui fût spécialement consacré et cela seul a suffi. Cette église qui était alors déserte n’a plus désempli depuis lors et des milliers d’ex-voto attestent les grâces que depuis cette époque la Madone accorde aux visiteurs !