Page:Huysmans - En rade.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

abandons qui l’indignaient. Il avait en vain cherché dans le labyrinthe de ces pièces les confessionnaux du corps, les pièces aménagées pour déverser ses fuyants secrets. Il avait fini, en bas, près de la chambre de la Marquise, par découvrir un petit réduit, mais il était dans un tel état de décrépitude qu’on n’y pouvait sans péril entrer.

Et c’était le seul.

Il avait exprimé son étonnement à l’oncle Antoine qui avait d’abord ouvert de grands yeux, puis avait regardé Norine.

Elle trépigna de joie, se tapant sur les cuisses. — C’est-il donc que tu voudrais chier, mon neveu, dit-elle entre deux hoquets ; mais on se pose dehors, où qu’on est, comme nous !

Cette simple façon de résoudre une question gênante exaspéra tout bonnement le jeune homme.

Et il maugréa pendant une partie de la journée, qui s’écoula d’ailleurs sans qu’il s’aperçût de l’égouttement des heures.

L’action sédative de la campagne le dorlotait encore et il ne connaissait pas l’ennui de l’oisiveté qui se traîne dans des chambres ressassées ou devant des paysages déjà vus ; il en était toujours à la période d’engourdissement, à cette bienheureuse lassitude du plein air qui émousse l’acuité des tracas et baigne l’âme dans des sensations