Page:Huysmans - En rade.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette pièce était superbe, boisée de lambris gris rechampis de filets angélique, surmontés de trumeaux au-dessus des portes, percée de deux larges fenêtres aux volets clos.

— Mais voilà mon affaire ! Explorons cela de près.

Il descella les espagnolettes des croisées, se cassa les ongles contre les volets qui, en grinçant, cédèrent. Alors il resta désappointé : cette chambre gardait une apparence de santé dans l’ombre, mais à la lumière, elle était d’une vieillesse exténuée, ignoble ; son plafond en anse renversée pliait ; les feuilles soulevées du parquet se tenaient bout à bout ; des placards aux papiers collés sur châssis étaient crevés et laissaient voir à nu une toile à cataplasme laudanisée par les rouilles ; une sueur de café coulait sans relâche sur les lames persillées des plinthes et d’énormes chapelets s’égrenaient le long des frises, des chapelets aux fils imités par des lézardes, aux grains signifiés par les pâles ampoules des moisissures.

Il s’approcha de l’alcôve, constata qu’elle était sillonnée de vermicelles et taraudée par les termites. Un coup de poing et tout croulait. Quelle ruine ! — cette chambre était peut-être la plus maltraitée de toutes. Une petite porte située près de l’alcôve l’attira ; elle ouvrait sur un cabinet de