Page:Huysmans - En rade.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

enfantés par les épisodes des digestions, les rêves sibériens par le refroidissement du corps débordé et resté nu, l’étouffement par le poids d’une couverture, de reconnaître encore que cette fréquente illusion du dormeur qui saute dans sa couche, s’imaginant dégringoler des marches ou tomber dans un précipice du haut d’une tour, tient uniquement, ainsi que l’affirme Wundt, à une inconsciente extension du pied.

Mais, même en supposant l’influence des excitants extérieurs, d’un bruit faible, d’un léger attouchement, d’une odeur restée dans une chambre, même en admettant le motif des congestions et des retards ou des hâtes du cœur, même en consentant à croire, comme Radestock, que les rayons de la lune déterminent chez le dormeur qu’ils atteignent des visions mystiques, tout cela n’expliquait pas ce mystère de la psyché devenue libre et partant à tire-d’aile dans des paysages de féerie, sous des ciels neufs, à travers des villes ressuscitées, des palais futurs et des régions à naître, tout cela n’expliquait pas surtout cette chimérique entrée d’Esther au château de Lourps !

C’est à s’y perdre ; il est certain pourtant, se dit-il, que, quelle que soit l’opinion qu’ils professent, les savants ânonnent.

Ces inutiles réflexions avaient, du moins, dérivé