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demeura pensif, car l’insondable énigme du Rêve le hantait. Ces visions étaient-elles, ainsi que l’homme l’a longtemps cru, un voyage de l’âme hors du corps, un élan hors du monde, un vagabondage de l’esprit échappé de son hôtellerie charnelle et errant au hasard dans d’occultes régions, dans d’antérieures ou futures limbes ?

Dans leurs démences hermétiques les songes avaient-ils un sens ? Artémidore avait-il raison lorsqu’il soutenait que le Rêve est une fiction de l’âme, signifiant un bien ou un mal, et le vieux Porphyre voyait-il juste, quand il attribuait les éléments du songe à un génie qui nous avertissait, pendant le sommeil, des embûches que la vie réveillée prépare ?

Prédisaient-ils l’avenir et sommaient-ils les événements de naître ? N’était-il donc pas absolument insane le séculaire fatras des oniromanciens et des nécromans ?

Ou bien encore était-ce, selon les modernes théories de la science, une simple métamorphose des impressions de la vie réelle, une simple déformation de perceptions précédemment acquises ?

Mais alors comment expliquer par des souvenirs ces envolées dans des espaces insoupçonnés à l’état de veille ?

Y avait-il, d’autre part, une nécessaire associa-