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poudres, conduite, nue, par Égée l’eunuque, vers la couche rédemptrice d’un peuple.

Et le symbole se divulguait aussi de la Vigne géante, sœur, par Noé, de la Nudité charnelle, sœur d’Esther, de la Vigne s’alliant pour sauver Israël, aux appas de la femme, en arrachant une essentielle promesse à la luxurieuse soûlerie d’un Roi.

Cette explication semble juste, se dit-il, mais comment l’image d’Esther était-elle venue l’assaillir, alors qu’aucune circonstance n’avait pu raviver ces souvenirs si longuement éteints ?

Pas si éteints que cela, reprit-il, puisque sinon le texte, du moins le sujet du Livre d’Esther me revient, à ce moment, si net.

Malgré tout, il s’entêtait à chercher dans la liaison plus ou moins logique des idées les sources de ce rêve ; mais il n’avait pas lu de livres stimulant par un passage quelconque un rappel possible d’Esther ; il n’avait vu aucune gravure, aucun tableau dont le sujet pût l’induire à y penser ; il devait donc croire que cette lecture de la Bible avait été couvée pendant des années dans une des provinces de sa mémoire pour qu’une fois la période d’incubation finie, Esther éclatât comme une mystérieuse fleur, dans le pays du songe.

Tout cela est bien étrange, conclut-il. Et il