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de tonnerre dans la maison vide et il entra dans une longue pièce.

Il était dans une salle à manger en ruine ; le poêle avait été arraché de sa niche dont le hourdage, feutré de poussière, s’émiettait dans d’énormes toiles d’araignées accrochées, comme des petits sacs, à tous les angles : des fleurs de moisissure jaspaient les cloisons arborisées par des fissures et les dalles alternées, blanches et noires, du pavé, se délitaient, tantôt bossuées et tantôt creuses.

Il ouvrit encore une autre porte, pénétra dans un salon immense, sans meubles, percé de six fenêtres barricadées de volets autrefois peints ; l’humidité avait positivement éboulé les lambris de cette pièce ; des boiseries entières tombaient en poudre ; des éclats de parquets gisaient par terre dans de la sciure de vieux bois semblable à de la cassonade ; des pans de cloisons se lévigeaient, descendaient en sable fin, rien qu’en frappant le plancher d’un coup de botte ; des fentes lézardaient les panneaux, craquelaient les frises, zigzaguaient du haut en bas des portes, traversaient la cheminée dont la glace morte coulait dans son cadre dédoré, devenu rouge, presque friable.

Par endroits, le plafond crevé décelait ses bardeaux pourris et ses lattes ; par d’autres, il gardait