Page:Huysmans - En rade.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.


II


Louise s’affaissa sur une chaise, en entrant dans la chambre ; la surexcitation de la journée avait pris fin ; elle se sentait excédée, le cerveau désert, les moelles lasses.

Jacques prépara les couvertures pour qu’elle pût se coucher, puis il mit sa valise sur la table et, assis devant elle, tria ses papiers, se réservant de les ficeler et de les ranger, le lendemain, dans un placard.

Malgré la longue course qu’il avait faite, il n’éprouvait point cet épuisement qui tiédit les membres, mais il défaillait, assommé par une fatigue spirituelle infinie, par un découragement sans borne.

Le coude sur la table, il regardait la bougie dont la courte flamme ne parvenait pas à percer la nuit de la chambre, et une indéfinissable sensation de malaise l’obséda ; il lui semblait avoir derrière lui, dans l’obscurité, une étendue d’eau dont le souffle clapotant le glaçait.